C'est le plus vaste désert du monde. Et sa seule richesse est sa subjuguante beauté, la diversité de tous ses paysages, des plateaux nus de l'Atlas aux oasis miraculeuses, en passant par des océans de sable doré... "SAHRA" (Sahara), le troisième album de KHALED reflète tous ces contrastes, métissages primitifs et futuristes, projetés aux couleurs de la world-music dans sa tempête vocale. Enregistré entre Paris et Kingston, "SAHRA" est une irrésistible invitation au voyage, un trip planétaire où le raï se fond successivement dans le reggae, le funk, le flamenco, le calypso, le rap ou les chants d'Europe centrale, au gré de l'imagination de KHALED et de ses producteurs:

JEAN JACQUES GOLDMAN, magicien de la mélodie. Sa belle "Aïcha" fait tourner toutes les platines et les têtes. Cet enivrant hit single "Euroriental" a débarqué en sentinelle de charme de l'album "SAHRA". DON WAS, leader du combo funky Was Not Was et producer de Bob Dylan, d'Iggy Pop et des Stones, qui avait déjà su téléporter "Didi" en 92 vers la légende du grand tam-tam planétaire.

PHILIPPE EIDEL, new waveur apocryphe avec Taxi Girl et compositeur mondialiste du "Mahabarata" de Peter Brook. Ce touche à tout bricolo et multi-instrumentiste avait déjà partagé les commandes de la console avec Don Was voici trois ans sur "N'SSI N'SSI" le précédent album de KHALED. Cette fois, il assure une majorité des titres de "SAHRA".



CLIVE HUNT, réalisateur jamaïcain légendaire, a fait ses classes en 73 au Dynamic Sounds de Kingston avec les Stones avant de produire Peter Tosh, Toots and The Maytals, Jimmy Cliff et tant d'autres héros du reggae. L'an passé, CLIVE a assuré le duo fracassant "Melody Tempo Harmony" de Bernard Lavilliers et Jimmy Cliff. Cette fois, entre Ocho Rios, au nord de la Jamaïque et le mythique Tuff Gong studio de Marley, il a réuni, autour de Khaled, des légendes rastas telles que Rita Marley et ses I-Threes ou le guitariste lead Mickey Chung .

IAM, aventuriers du juste sample, électrochoqueurs leaders de la nation hip hop. Basés sur leur planète phocéenne, ils balancent justement leur groove illimité sur une chanson intitulée "Oran-Marseille", où Khaled le charmeur proclame sur leurs séquences rap percutantes tout son amour pour Warhane (Oran), sa ville natale, et Marseille, la méditerranéenne, qui a su si bien lui ouvrir les bras lorsqu'il a débarqué en France.

C'est un 29 Février, en 1960 à Sidi-El-Houari, un faubourg d'Oran, que Hadj-Brahim Khaled pousse ses premiers cris. Très vite, en observant les films de ses idoles Elvis et Johnny et particulièrement cette manière bien à eux de faire hurler les jeunes filles, KHALED trouve sa voie. A fond dans la débrouille, il déjoue le courroux paternel et sèche les cours pour enflammer les mariages de sa jeune voix de séducteur. Mais il lui faudra attendre ses seize ans révolus pour balancer, son premier 45 tours "Trig Lycée", apologie provoc de la drague et de l'école buissonnière. Car dans les bars d'Oran, un rythme subversif et neuf évoque la jouissance totale des filles, de l'alcool. Et KHALED bravera tous les tabous pour devenir le porte-parole de cette musique là. Premier des Cheb ("jeunes"), il branchera le raï sur une prise 220V.

Lorsqu'il débarque en France en 86, pour un Festival de raï à Bobigny, Cheb KHALED met le feu à l'hexagone. Ses cassettes l'avaient déjà précédé dans la communauté, mais KHALED agite son raï comme jadis Elvis son pelvis. Et comme un pied de nez à l'intolérance barbue, il décide de quitter l'Algérie pour s'installer dans la région parisienne. Son premier album "européen", "Kutché" au tournant des années 90 est un métissage vers le jazz et la pop. Mais c'est en 1992 qu'explose la bombe "Didi", premier hit d'un genre inédit: le raï-groove.

A trente et un ans, KHALED échange son titre de Cheb pour ceindre la couronne du King de la sono mondiale. L'album "Didi" produit à Los Angeles par le funky DON WAS se satellise tout autour de la planète. Deux ans plus tard, en 1993, KHALED publie "N'SSI N'SSI", produit par DON WAS et PHILIPPE EIDEL. Et les séquences pulsées de "El Marsem", comme la soul cuivrée de "N'ssi N'ssi", en passant par le vertige des violons de l'Orient, ou le high-life africain, repoussent encore les frontières de son imagination. Et aujourd'hui, au crépuscule de cette année 96, KHALED entreprend son "troisième voyage de Simbad" avec "SAHRA". D'abord entouré de PHILIPPE EIDEL et du fidèle KADA, KHALED jette les bases de l'album dans le petit studio qu'il s'est installé à la maison. Puis, il retrouve JEAN-JACQUES GOLDMAN au Studio Davout, pour y enregistrer l'invincible "Aïcha", son premier succès dans la langue de Molière. Un second titre imparable, "Le Jour Viendra", bâti sur une trame multi-colorée de violons et de oud (luth) naîtra de ces cessions dorées par GOLDMAN.

Destination Jamaïque avec EIDEL. Au nord de l'île, sur la côte paradisiaque d'Ocho Rios, ils retrouvent CLIVE HUNT qui a réuni pour l'occasion les cuivres des Wailers et quelques vétérans du reggae sound comme Mickey Chung. HUNT et EIDEL unissent leurs talents sur "El Harba", un funky léger croisé flamenco. Puis, à Kingston, au Tuff Gong Studio du clan Marley, il enregistre trois titres avec HUNT, où ses racines africaines percutent leur cousine jamaïcaine en un métissage inédit de "raïggae" : "Mektoubi" et ses cuivres incendiaires, "Raikum" en high-life afro-oriental désorientant et surtout "Ouelli El Darek", imparable chanson d'amour couleur reggae-slow roots où les choeurs des I-Threes battent la chamade. Retour à Paris: PHILIPPE EIDEL a réuni au studio Zorrino une ménagerie d'instruments sous son grand chapiteau world-music. Darboukas, accordéon, luth, bouzouki, keyboards, violoncelle, contrebasse et tant d'autres se succédent. Enregistrée en live piano/ guitare/ darbuka/ voix, "Datni Essekra" dirigée par EIDEL laisse le raï couler ¬cooler?¬ doucement vers le jazz swing. "Lillah" (Dieu), ska oriental, s'envole comme un tapis volant, lorsque KHALED vibre de tout l'amour qu'il a pour son pays.

Parallèlement, à Los Angeles, DON WAS achève de mixer ses trois chansons pour "SAHRA". Enfin, au studio Davout, porte de Montreuil, KHALED retrouve Chill, Jo et Pascal, les marseillais d'IAM, pour mêler son arabe évanescent, à leurs rimes gauloises assassines, et à leurs boucles samplées. Et "Marseille", harissa-rap pulsé et cosmopolite a toute cette frénésie de la cité phocéenne.

"SAHRA", son troisième album, a toute l'énergie et la subtilité des nuances de sa langue. A une intonation près, le mot "SAHRA" signifie au choix ce désert luxuriant, une superbe fête ou le prénom de sa fille. Mais, au-delà des mots, "SAHRA" l'album le plus dépaysant du King de la raï fusion, est tout simplement UNIVERSEL. Novembre 1996, Gérard BAR-DAVID.




Captur� par MemoWeb � partir de http://www.barclay.fr/fr/artistes/khaled/bio/centre.html le 10/02/97